Les fondamentaux d’un bon éclairage au poste de travail
Intensité : la juste mesure
Normes et recommandations existent, mais la réalité ne se réduit jamais à une suite de lux à appliquer. Selon la norme NF EN 12464-1, la luminance recommandée est de :
- 500 lux pour les postes de travail bureautiques
- 750 à 1500 lux pour les travaux de précision
- 300 lux pour la circulation
La perfection technique, pourtant, ne réside pas dans le chiffre seul : elle se situe dans l’intelligence du
gradient lumineux, du passage entre zones, de la douceur de la transition qui ménage l’œil lors des déplacements visuels.
Qualité de la lumière : température de couleur et rendu des couleurs
Un éclairage blanc “froid” (plus de 5300 K) peut fatiguer, susciter un inconfort sur la durée ou troubler les rythmes circadiens. Les études (notamment Frontiers in Psychology, 2021) montrent qu’une température aux alentours de 4000 K, simulant la lumière du jour en matinée, favorise à la fois la vigilance et le confort.
Autre critère trop négligé : le Ra ou IRC (Indice de Rendu des Couleurs). Un IRC supérieur à 80 garantit un appréhension fidèle des couleurs — fondamental pour la santé, le contrôle qualité ou la créativité.
Éviter les éblouissements et les reflets : la double peine
L’éblouissement se glisse là où la lumière brutale heurte l’œil sans prévenir : sources trop puissantes, orientation des lampes… Dans de nombreux open-spaces, la disposition des bureaux à proximité immédiate des baies vitrées engendre d’intenses reflets sur les écrans, obligeant l’utilisateur à se contorsionner — ou à tordre l’écran, rarement avec succès.
Le rapport ITRE du parlement européen (2020) souligne même que le biais d’orientation des sources lumineuses (72 % des postes observés présentaient au moins une source générant un reflet direct sur la surface de travail ou l’écran) constitue un facteur aggravant de TMS et de fatigue visuelle.
- Privilégier un éclairage indirect (lampadaires, plafonniers diffusants) pour la lumière ambiante.
- Compléter par un éclairage de tâche localisé (lampe de bureau orientable) adapté à l’activité.
- Positionner les écrans perpendiculairement aux fenêtres (ni dos, ni face à une baie).
- Utiliser stores, filtres ou films spéciaux anti-reflets pour réguler la lumière naturelle selon le moment du jour.
Synchroniser lumière naturelle et artificielle
Rien ne remplace la lumière du jour : elle maintient l’horloge biologique, stimule l’éveil, ancre l’espace dans une temporalité. Pourtant, plus de 40 % des salariés français travaillent dans des lieux dépourvus de lumière naturelle directe (Ministère du Travail, 2014).
Le défi n’est pas tant de compenser l’absence du soleil que d’articuler sources naturelles et artificielles pour garantir régularité, adéquation et confort — et s’adapter aux saisons, aux orientions et aux géographies.