Pourquoi interroger l’inclinaison ? Retour sur une évidence qui n’en est pas une
Au détour d’un atelier, d’une salle de laboratoire ou d’un espace de co-working, la question ressurgit : pourquoi, alors que l’on sait l’importance de la posture, les plans de travail restent-ils presque toujours horizontaux ? À rebours d’une évidence héritée, l’histoire du mobilier de travail n’a jamais été linéaire : le bureau incliné, c’est la table à dessin d’architecte, le pupitre d’école, la planche du calligraphe. Puis, dans le grand mouvement d’industrialisation, le voilà lissé, standardisé, rétréci au format du bureau plat – modèle unique censé convenir à tous, du scribe au développeur.
Observer un utilisateur devant son plan de travail, c’est déjà discerner ce que la géométrie occulte : le relâchement de la nuque, l’évitement des mouvements contraints, la proximité du regard, l’angle de la lumière sur la page. L’inclinaison, en ergonomie, n’est pas un caprice esthétique : c’est une variable stratégique, physique, sensorielle, cognitive.