Ergonomie et facteurs humains : comprendre pour mieux concevoir

Comprendre, concevoir et améliorer les interactions homme-système.

1. L’ergonomie : une science au service du concret

L’ergonomie, ou plus précisément l’ergonomie des situations de travail et d’usage, est une discipline scientifique qui étudie les activités humaines pour adapter les systèmes à ceux qui les utilisent. Il ne s’agit donc pas seulement d’optimiser un poste de travail ou de choisir une bonne chaise de bureau — même si cela en fait partie. Il s’agit de concevoir des dispositifs réellement utilisables, acceptables et durables.

Selon la International Ergonomics Association, l’ergonomie vise à comprendre les interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, afin de les améliorer à travers la conception. Cela implique :

  • une observation fine de l’activité réelle, pas seulement prescrite,
  • une analyse des dimensions physiques, cognitives, sociales et organisationnelles,
  • une démarche de co-conception impliquant les utilisateurs,
  • une adaptation des produits, des outils et des environnements aux capacités et limites humaines.

Dans les faits, cela veut dire : réduire la fatigue, prévenir les erreurs, améliorer la lisibilité d’une interface, anticiper les réactions humaines en situation critique, mais aussi soutenir l’apprentissage, encourager l’autonomie, rendre les systèmes plus inclusifs.

2. Observer pour comprendre : l’humain en contexte

La première étape de tout projet ergonomique, c’est l’observation en situation réelle. Non pas pour juger, mais pour comprendre. Observer un opérateur qui compense une interface mal pensée. Une soignante qui contourne un protocole parce que le logiciel ne reflète pas sa réalité terrain. Un usager qui hésite devant une borne tactile, trop lente ou trop verbeuse.

C’est là que tout commence : dans les gestes minuscules, les regards en coin, les ajustements silencieux. Ces micro-adaptations sont des signaux. Ils révèlent les dysfonctionnements invisibles des systèmes. Et ils sont précieux.

L’analyse de l’activité (cf. travaux de Daniellou, 2004 ou Rabardel, 1995 sur les instruments et les genèses d’usage) permet de comprendre comment l’humain s’approprie un outil, parfois contre lui, parfois avec lui. C’est sur ces observations que nous construisons des préconisations pertinentes.

Dans mes missions, je travaille régulièrement avec des schémas d’interaction, des cartes de flux, des grilles d’analyse ergonomique, que je partagerai ici. Car au-delà du discours, ce sont les traces d’usage réelles qui donnent du sens à la démarche.

3. Concevoir autrement : du projet au prototype

Une fois l’analyse réalisée, commence le travail de conception. Et là, tout change quand l’ergonomie entre dès le départ dans le processus. On ne parle plus de “corriger après”, mais de “penser avec”. Avec les utilisateurs, leurs contraintes, leurs habitudes, leurs perceptions.

Je travaille souvent avec des équipes UX, des designers industriels, des développeurs, des ingénieurs. Et à chaque fois, un dialogue se construit entre les exigences techniques, économiques, esthétiques… et les réalités humaines.

Un bon exemple : un poste de commande dans une usine automatisée. Le client souhaite un design épuré, digitalisé, avec une tablette tactile. Après observation et analyse, nous découvrons que les opérateurs utilisent des gants épais, que le poste est soumis à des vibrations, et que le temps d'interaction doit être inférieur à 4 secondes. Le projet change : on introduit des boutons physiques, une interface plus contrastée, et un retour haptique. Résultat : meilleure réactivité, moins d’erreurs, meilleure acceptabilité.

Ce type de démarche est illustré dans plusieurs articles à venir sur ce blog : retours d’expérience, fiches pratiques, schémas de conception, normes applicables. Notamment les références :

  • NF EN ISO 9241 – Ergonomie de l’interaction homme-système
  • NF EN ISO 6385 – Principes ergonomiques dans la conception des systèmes de travail
  • ISO/TS 27527 – Ergonomie dans les projets de transformation numérique

4. Une ergonomie engagée, mais pas dogmatique

Je crois en une ergonomie qui ne donne pas de leçons, mais qui interroge. Une ergonomie qui n’impose pas de solutions toutes faites, mais qui aide à poser les bonnes questions. Une ergonomie profondément humaine, sensible aux détails, aux contextes, aux vécus.

Concevoir un espace de coworking, un tableau de bord, un outil médical, ce n’est pas simplement suivre des standards. C’est écouter, tester, ajuster, accepter l’incertitude, intégrer l’erreur comme un fait humain. C’est s’ouvrir à la complexité du réel.

Ce blog est un espace pour cela. Il s’adresse aux praticiens, aux étudiants, aux ingénieurs, aux décideurs, aux curieux. À celles et ceux qui veulent voir autrement, concevoir autrement, travailler autrement.

Ici, vous trouverez des articles longs, illustrés, documentés. Pas de raccourcis, pas de solutions magiques. Mais des pistes, des outils, des réflexions honnêtes. Parce qu’entre le geste et la machine, il y a encore beaucoup à dire. Et à faire.

Bienvenue sur Bertin Inside – L’Expérience Ergonomique.

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